Le Jour où j’ai succombé à l’enchantement Maya.
Il y a souvent des décors qui vous émerveillent ou des endroits qui, pour vous, dépassent l’entendement. Des paysages qui ne ressemblent en rien à ce que vous avez pu voir précédemment, ou encore des lieux qui tout simplement vous éblouissent. Le lac Atitlan fait partie de ceux-là. Lorsque j’arrive au ponton de Panajachel, je ressens un véritable choc devant tant de majesté. «Le lac Atitlan est le plus beau du monde» disait le géographe allemand Alexander von Humboldt, et je partage immédiatement son coup de foudre. Je contemplerais pendant des heures ces eaux calmes et vastes, surplombées de trois volcans idolâtrés mais endormis, au sud-ouest du Guatémala. San Pedro (3 020 m), Tolimán (3 158 m) et Atitlán (3 535 m) en imposent, mais leur dernière manifestation remonte au XIXème siècle. Le lac, lui, est vieux de 84.000 ans et occupe une caldeira formée par une éruption massive de l’époque.
(…) ici je témoigne, dans de somptueux tons pastels, de la nature dans toute sa gloire.
De Panajachel, la petite ville principale des environs, je ne retiens rien de plus que les boutiques de souvenirs. Mais la vue depuis la rive est époustouflante. Antoine de Saint-Exupéry lui-même y aurait trouvé l’inspiration pour son «Petit Prince»… Personne ne semble donc insensible à tant de magnétisme! Depuis peu, ce sont surtout les amateurs de pratiques zen ou yogiques qui s’y donnent rendez-vous en nombre pour leurs retraites méditatives. La si singulière perception Maya de l’univers attise les curiosités et attire les foules. Un goût pour l’ésotérisme flanqué de chamanisme dûment exploité par les hôtels locaux. Le mien n’échappant pas à la règle! Qu’importe ici je témoigne, dans de somptueux tons pastels, de la nature dans toute sa gloire.
Bientôt, j’embarque sur la barque à moteur caractéristique des lieux, unique moyen de transport pour rejoindre mon hôtel posé sur les rives du lac. Ces lanchas* constituent la seule option pour relier les villages voisins ou autres sentiers de randonnée. Bercée par les flots imperturbables, il est aisé de comprendre pourquoi cet endroit fascinant relève du sacré pour les Mayas, qui l’ont surnommé «grand-mère Atitlan». Je sens le frimas de l’altitude me caresser les joues et je passe volontiers la main dans les eaux fraîches du lac. La brise est apaisante et la vue de ces volcans protecteurs rassure. Le temps est légèrement couvert et le fond de l’air frisquet, le soleil amorce déjà sa descente caché par quelques nuages accrochés aux sommets, mais j’arrive bientôt à Santa Cruz de la Laguna pour me réchauffer. Perdu dans la végétation, l’hôtel Isla Verde se décrit comme un hébergement éco-chic respectueux de l’environnement, et il me tarde de découvrir les lieux.
L’ambiance est imperturbable, le silence seulement interrompu par l’écho de voix douces et les clapets de l’eau contre le bois des pontons.
Il me faut d’abord gravir près de 200 marches pour rejoindre ma cabane en bois, accrochée au flanc abrupt de la colline. De là, la vue est inégalable : quelle récompense! L’hôtel a choisi des cabines à la décoration simple mais en harmonie avec les lieux: bois de construction non traité, tissus brodés guatémaltèques et toilettes sèches. Il y en a huit à peine, disséminées dans la verdure abondante et les jardins tropicaux. Plus bas au restaurant, tout est préparé à base de produits frais locaux et la terrasse posée sur le lac offre une atmosphère sereine et sans fioriture. Au détour de promenades alentours, je croise les écoliers rentrant de l’école et les autochtones pêchant au tomber du jour. L’ambiance est imperturbable, le silence seulement interrompu par l’écho de voix douces et les clapets de l’eau contre le bois des pontons. Je voudrais ne plus jamais partir… Tout ici invite à la relaxation, même si les activités sportives restent nombreuses: yoga, marche, kayak et même plongée bouteilles dans le lac dont les fonds sont réputés. Grande adepte de ce sport, je décide pourtant de ne pas tenter l’expérience en raison de la température de l’eau, bien trop basse à mon goût!
Après une nuit paisible et très reposante, je décide de me (re)mettre en route pour la célèbre Chichicastenango dont la réputation de l’immense marché n’est plus à faire. Il me faut donc reprendre le bateau en sens inverse pour retourner vers la civilisation… et l’aventure! Ce sont quelques heures de transport qui m’attendent dans une des références du pays : le « chicken bus ». Ces anciens bus scolaires américains retrouvent au Guatémala une deuxième jeunesse après avoir atteint 10 ans de bons et loyaux services, ou la limite de 150.000 miles. Moyen de transport des plus pauvres, ils desservent toutes les destinations, même les plus reculées. Avec leurs couleurs chatoyantes et leurs bon-dieuseries flamboyantes en guise de décoration, ils représentent le paroxysme de l’inconfort! Les bancs en bois où l’on s’entasse et la musique – ou la télé – à fond, n’empêchent pourtant pas mes compagnons de voyage de s’endormir pendant le trajet. Je les envie. Ces bus sont en somme le parfait miroir des tenues colorées des femmes, d’un folklore persistant et assumé ainsi que de traditions qui perdurent. Quant au sobriquet de « chicken », je ne sais pas s’il fait écho aux nombreuses volailles embarquées à bord, ou plutôt à l’espace (non) disponible pour les voyageurs! J’invite donc chacun et chacune à tenter l’expérience afin de se faire sa propre idée à ce sujet…
Je me perds dans un dédale d’allées et de halles couvertes et découvertes…
Je continue dans cette promiscuité assumée à Chichicastenango, dont le marché géant à 2000 mètres d’altitude recèle de tout ce que l’on peut trouver dans le pays. Je me perds dans un dédale d’allées et de halles couvertes et découvertes, j’hume toutes les odeurs, et pense sincèrement à acheter tout ce qui me passe sous le nez. Même les poussins que l’on me présente avec fierté. J’observe avec intérêt les autochtones vaquer à leurs occupations sous un soleil de plomb. Notamment près de l’église de Santo Tomas vieille de 400 ans et qui surplombe les étales. Ses marches abritent encore des rituels mayas dans des effluves de pom et de copal, les encens traditionnels. Curieux usages. Au centre du marché je trouve ensuite les fameux comedores* où je peux enfin manger un morceau avant de repartir, fourbue, vers le lac. Je jette un dernier coup d’oeil aux vêtements brodés si typiques des environs, et choisis un grand couvre lit bleu azur. De retour à l’hôtel quelques heures plus tard, je découvre avec panique qu’un scorpion y avait élu domicile… Heureusement pour moi, lui aussi semble avoir subi l’écrasement de la chaleur et je le retrouve inerte et aplati dans les plis du tissu. Peut-être a-t-il sinon péri dans l’entassement des bagages durant le trajet? Je ne le saurai jamais: la bête féroce repose désormais en paix en face des volcans d’Atitlan et l’étoffe de coton, elle, orne toujours mon lit!
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*Lanchas: nom donné aux bateaux de tourisme à moteurs.
*Comedores: stands de nourriture.
INFOS PRATIQUES
Il y a deux façons de se rendre au lac Atitlan (et de voyager au Guatémala en général):
* La première et la moins onéreuse consiste à embarquer dans un «chicken bus» en direction de Panajachel depuis les terminaux de bus des principales villes du pays. C’est certainement l’option la moins confortable ou rapide, mais bien la plus économique. Comptez au moins 3 heures depuis Panajachel jusqu’à Chichicastenango et environ 6 heures depuis Guatemala City pour rejoindre Atitlan (avec des changements à prévoir).
* La seconde consiste à faire appel à un transporteur privé, généralement des vans partagés de quelques places. Ces derniers sont directement réservables depuis les réceptions des auberges ou hôtels du pays. Un trajet Guatemala City – Panajachel coûtera environ entre 25 et 45usd par personne, en direct ou non (via Antigua).
OU DORMIR
J’avais choisi l’hôtel Isla Verde, et j’y ai passé un séjour enchanteur. En journée, ils offrent de nombreuses activités mais les soirées sont assez calmes. De 40 à 80 usd par nuit, repas en sus. Packages et retraites disponibles – http://islaverdeatitlan.com
Le lac possède une offre hôtelière assez vaste dans ses villages de Santa Cruz la Laguna, San Marcos la Laguna, San Juan la Laguna, San Pedro la Laguna, Santiago Atitlan et San Lucas Toliman. J’ai beaucoup entendu parler de la casa Palopo, située à Santa Catarina et donc, accessible en voiture: à essayer! L’hôtel est interdit aux enfants de moins de 12 ans pour un séjour reposant garanti – http://casapalopo.com
Bon à savoir : les prix sont toujours négociables au Guatémala, surtout en basse saison !
Enfin pour plonger à la découverte de mondes engloutis et de fissures volcaniques, contactez https://www.atidivers.com 70usd la double bouteille pour les certifiés.