montgolfière

Le Jour où j’ai escaladé un volcan.

Exif_JPEG_PICTURECe matin, je quitte les îles Gili très tôt avec mon amie Lucie… Décrites comme un jardin d’Eden, nous sommes bien contentes de quitter ce paradis qui pour nous n’en fut finalement pas un: la faute à une pluie torrentielle nous ayant cloîtrée dans notre chambre d’hôtel trop longtemps! A présent, il est temps de passer à l’action et de partir à l’aventure après ces trois jours d’oisiveté. Nous enchaînons donc bateau et 4×4 pour rejoindre le pied du mont Rinjani, le fameux volcan de l’île de Lombok, à côté de Bali en Indonésie. Un rapide en-cas, un changement express de vêtements, un troc de nos tongs pour nos chaussures de marche et nous voilà parties pour l’ascension! Au pas de course. Car Adi notre guide met le paquet et juste derrière lui, je commence par faire la maline… Oh, comme je présume de mes forces. On nous a prévenues: il faut deux heures pour atteindre le Poste n°1, deux heures de plus pour rejoindre le Poste n°2, et enfin deux heures supplémentaires avant de gagner le sommet. Jusque là tout va bien : six heures pour gravir près de 3000 mètres, je ne me rends même pas compte de l’improbabilité de la chose, surtout quand on n’est, comme moi, pas du tout entrainée!CARTE INDO

Très vite, ça commence à grimper raide, vraiment raide.

Pourtant 1h45 plus tard, fières de nous, voici le premier cap franchi. Pas besoin de récupérer trop longtemps, le reste de notre groupe est parti quelques heures avant nous et nous devons les rattraper pour le déjeuner. Motivées, nous continuons donc sur notre lancée au même rythme effréné… Pendant ce temps-là, les porteurs chargés comme des mules nous doublent, chaussés de claquettes et la clope au bec. Facile. Mais au fil des heures, la chaleur moite devient pour moi, totalement écrasante. Très vite, ça commence à grimper raide, vraiment raide. J’ai beau vouloir marcher, mes jambes ne veulent plus suivre. La tête est là, mais le corps plus vraiment! Ici, rien n’à voir avec les randonnées que j’ai pu faire auparavant: la pente est hardie, abrupte et irrégulière. Un énorme dénivelé positif jonchés d’encore plus énormes racines d’arbres qui forment comme des marches démesurées. Perdue au milieu de la jungle, j’ai plutôt l’impression de gravir un escalier disproportionné que de «marcher». Heureusement, notre guide nous soutient et nous parvenons enfin au point n°2… Pour mieux nous rendre compte, très surprises, qu’il s’agit seulement du premier Poste! Il nous a donc fallu finalement près de 3 heures pour rejoindre le reste du groupe… J’ai envie d’appeler à l’aide.

IMG_5194 copie

On dirait même qu’on s’habitue à la peine, et petit à petit nous refaisons notre retard.

Malgré tout le moral reste bon et, persuadée que le pire est derrière moi, j’engouffre le déjeuner préparé par le chef local avec joie. En une heure de pause, pas plus, afin d’atteindre le sommet avant la nuit. La marche se poursuit ensuite sur les mêmes bases: rapide, intense et humide! On dirait même qu’on s’habitue à la peine, et petit à petit nous refaisons notre retard en atteignant assez vite le Poste n°2 – le vrai cette fois. Nous marchons maintenant depuis plus de 4h… Bonne nouvelle, Adi estime que nous aurons rejoint la caldeira d’ici une heure. Mais nous apprenons rapidement à nos dépens qu’il nous ment (ou bien est-ce cette barrière du langage qui me semble souvent infranchissable, surtout ici en Indonésie, et qui me fait mal interpréter ses paroles?). Transportées cependant par cette annonce, nous nous remettons hâtivement en route et sortons bientôt de la forêt dense et compacte que nous traversions depuis le matin. La vue maintenant dégagée est magnifique: derrière nous la pente interminable et verdoyante s’élance vers la mer.

Exif_JPEG_PICTURE

J’ai envie d’arrêter mais je suis coincée: impossible de rebrousser chemin avant la nuit.

En face de nous en revanche, c’est un véritable drame: un mur franc ! Un vrai. Avec des dizaines de personnes grimpant en zig-zag à perte de vue, dans leur dernière ligne droite elles-aussi. A cette vision, je me sens totalement découragée… Les jambes, le moral, plus rien n’y fait. Je ne peux plus avancer. Tous les cinq mètres je dois littéralement faire une pause tant je souffre. La pluie de ces derniers jours m’a rendue malade, mon nez est tellement bouché que je ne peux plus respirer qu’avec la bouche. J’ai du mal à gérer mon souffle, mon cœur bat parfois si fort face à l’effort que j’ai peur qu’il me lâche. Adi se lasse et Lucie me devance de loin. J’ai envie d’arrêter mais je suis coincée: impossible de rebrousser chemin avant la nuit. La pente qui se dresse devant moi me paraît tellement interminable et raide que je ne pense vraiment pas pouvoir réussir à trouver les ressources nécessaires à la monter. Bref, j’en ai marre et je le fais savoir… en pestant continuellement. Mon guide, las, me tend alors un bâton de marche qu’il a récupéré autoritairement d’un arbre. Il est le bienvenu. Adi décide ensuite de nous faire passer par une voie moins rude: une sorte de champs de cailloux où l’évolution semble moins pénible. Et bien que la pente ne semble jamais vouloir s’arrêter, nous parvenons plus de deux heures plus tard au point de vue, à 2600 mètres d’altitude… quand même.

On croirait  même avoir atteint le Paradis!

Le panorama sur le cratère et son lac au coucher du soleil valait bien cette souffrance (pour être tout à fait honnête, disons plutôt que je ne me demande plus ce que je suis venue faire ici)! Perchée au-dessus des nuages, j’oublie presque mes peines et mes courbatures, et le spectacle à 360 degrés se révèle onirique et chimérique. On croirait même avoir atteint le Paradis! Malheureusement, Lucie et moi ne pouvons à peine profiter qu’une vingtaine de minutes du spectacle majestueux qui se dresse devant nous, avant que la nuit ne tombe totalement. Et que le froid et le vent ne fassent leur apparition. Nous prenons pourtant le temps de contempler le fascinant spectacle de la lave rouge vif coulant dans l’obscurité. Quelle majesté. Même la nuit nous pouvons entendre le liquide refroidissant au contact de l’eau. Même dans le noir nous voyons la fumée que dégage la cavité. Incroyable. Nous trouvons ensuite abri dans notre tente dressée à la hâte, au milieu des détritus découverts là, souvenirs malheureux des campeurs passés avant nous… La soirée est courte, la fatigue bel et bien là. Demain, il faut continuer l’ascension et la nuit se doit d’être bonne et récupératrice.

Exif_JPEG_PICTUREExif_JPEG_PICTURE

Les porteurs descendent toujours le volcan avec aisance, en crapotant au pas de course malgré leurs tongs.

Pour moi ce fut le cas, mais visiblement pas pour Lucie. Et c’est à son tour de souffrir… Nous optons pour une redescente immédiate au village, malgré un panorama majestueux sous la lumière matinale. Non, je ne me vois pas marcher pendant des heures sur du sable volcanique glissant, en haut d’une crête étroite, où je m’imagine que le premier faux pas me fera plonger directement dans le magma et mourir dans d’atroces souffrances. Fin de la discussion. Là encore, on nous avait annoncé quatre heures pour rejoindre la civilisation, mais il nous en faut plus de six, presqu’autant que pour la montée! Incroyablement difficile. A côté de nous pourtant, les porteurs descendent toujours le volcan avec aisance, en crapotant au pas de course malgré leurs tongs. Moi, je termine sur les rotules, mes jambes tremblant de tant d’effort et le pied gauche en sang. A mon tour d’attendre avec patience Lucie qui arrive bientôt avec notre guide, la tenant fermement. Elle est blême et épuisée… Mais on l’a fait. Nous nous engouffrons vite dans le 4×4 qui nous ramène à l’hôtel de Sengigi où nous passons la nuit. Le soir, après une douche brûlante et réparatrice, on se récompense d’un repas festif et très très cher, parce que finalement, même si nous ne le ferons plus jamais, nous ne sommes pas peu fières de nous être autant surpassées!

Exif_JPEG_PICTURE

***

INFOS PRATIQUES

Vous trouverez de nombreux organisateurs pour vous faire effectuer l’ascension. Négociez les prix, mais les comparaisons sont aisées une fois sur place! (infos: http://rinjaninationalpark.com) Mon seul conseil majeur: celui d’être en bonne condition physique car la randonnée demande quand même quelques ressources. Organiser vos déplacements et activités sur place se révèle très simple, dans toute l’Asie du Sud Est en général d’ailleurs…

Attendez-vous cependant à une grande pollution dont les touristes sont (en partie) responsables… En mer ou bien sur terre, l’Indonésie est malheureusement l’un des pays les plus contaminés qu’il m’ait été donné de voir. C’est triste à contempler, surtout lorsque l’on sait que les paysages sont parmi les plus beaux du monde. Un aspect omniprésent à ne pas occulter afin de ne pas être trop déçu.

Exif_JPEG_PICTURE

OU DORMIR

Vous n’aurez vraiment aucun problème à vous loger sur place… L’offre est bien supérieure à la demande sur Bali surtout, un peu moins sur Lombok. Le tourisme de masse est très mal géré sur place et vous trouverez des hôtels à moitié vides, d’autres à moitié érigés: la faute à une construction à outrance qui défigure les îles. Seul point positif, vous trouvez de tout, à tous les prix. Prenez simplement le temps de parlementer avant de faire votre choix!mapindo