Le Jour où j’ai pris le métro.
Il fait très chaud. Je transpire tellement que je ne sais vraiment plus quoi faire de moi-même. Je passe le plus clair de mon temps immobile. Assise, sous l’air conditionné. Heureusement, le lounge du packpacker est convivial et spacieux. Et surtout, il y fait frais. Je ne suis d’ailleurs pas la seule à y trouver refuge et j’apprécie les quelques moments de conversation avec mes acolytes voyageurs. Il faut pourtant que je parvienne à me motiver et à sortir d’ici, histoire que je sache à quoi cela ressemble un peu, dehors. Singapour quand même, ce n’est pas rien! Je ne sais pas trop quoi attendre des environs, mais à la fin du jour quand la chaleur se calme un peu, j’embarque mon petit Ricoh (et mon brumisateur) et pars à la découverte des lieux. L’air est lourd et je suis toute moite à peine posé le pied dehors. Ma seule issue: rebrousser chemin ou trouver des endroits abrités pour éviter cette impression permanente d’étouffer! Dans les rues animées alentours, il n’y a pas d’air. Comme si le vent ici était interdit de territoire. Il faut que je m’éloigne et que je change de décor…
J’entends parler français à peu près partout où je me rends et j’ai du mal à me sentir dépaysée.
Un peu plus loin, tout devient propre et comme aseptisé, ici on ne peut même pas cracher. Les infrastructures sont modernes et les boulevards contemporains. Les passages piétons sont démesurés car il n’est absolument pas autorisé de ne pas y traverser. Les gens sont discrets et la majorité respire l’aisance financière. J’écume bientôt les centres commerciaux avoisinants où la clim tourne à plein régime. A Singapour, tout semble également cher et précieux. Je lèche les vitrines et j’observe les expats plutôt que les locaux en train de se débattre avec leurs nombreux sacs d’emplettes… J’entends parler français à peu près partout où je me rends et j’ai du mal à me sentir dépaysée. Je me déplace de mall en mall pour éviter la chaleur avant de finalement trouver une bouche de métro. Destination inconnue: je m’engage vers le train sans savoir vraiment où je vais. Les quais sont immaculés avec, au sol, des fléchages ingénieux pour mieux embarquer le moment venu. Les chewing-gums, les boissons et les durians* sont (bien sûr) interdits et il est sage de respecter les consignes sous peine d’amende conséquente. Je décide donc d’embarquer civilement dans un wagon à moitié vide en direction de la Marina de la ville, supposée être une merveille d’architecture.
Ce qui m’intéresse ici, c’est le parti pris écologique assumé des ingénieurs à l’origine du barrage.
Près de la mer, je sens enfin un peu d’air chatouiller mes narines. J’ai l’impression de respirer à nouveau et de moins transpirer à grosses gouttes ! Ce qui m’intéresse ici, ce sont les toits végétaux, et le parti pris écologique assumé des ingénieurs à l’origine du barrage. A la fois ville, pays et île, Singapour est une zone de 683km2 située entre le sud de la mer de Chine et l’océan indien. La gestion de l’eau est doublement problématique: d’un côté le manque avec seulement 254 cm par an, de l’autre côté l’overdose avec les risques que pose la montée de la mer. C’est de ce constat qu’est né le « Barrage Marina » censé répondre à ce problème à deux têtes. Le barrage devrait permettre d’un côté de contrôler les risques d’inondation et de l’autre de récupérer l’eau dans un réservoir. Le tout offre également aux habitants un lieu de loisirs où l’on assiste à des courses de bateaux, pratique le ski nautique et la planche à voile au cœur de la ville et profite d’expositions. En temps normal, les portes resteront fermées pour isoler le réservoir de l’océan. Mais si des orages extrêmes éclatent, elles s’ouvriront pour laisser l’eau s’évacuer et une pompe se mettra en marche. Malin.
L’endroit est un réel poumon pour Singapour. Un peu comme peut l’être Central Park pour New York en quelque sorte…
Je peux témoigner ainsi d’une fin d’après-midi « champêtre » au milieu d’une des plus importantes mégalopoles asiatiques. Devant moi, des familles de locaux se prélassent sur l’herbe, des couples s’embrassent discrètement et des jeunes font voler leurs cerfs-volants. La vue sur la ville depuis mon promontoire est impressionnante, et je me rends compte que l’endroit est un réel poumon pour Singapour. Un peu comme peut l’être Central Park pour New York en quelque sorte… Tout ici est récent et excellemment bien pensé, jusqu’à l’emblématique hôtel Marina Bay Sands situé juste en face et dont la terrasse panoramique semble flotter dans les airs. A ses pieds, des serres immenses dans un jardin démesuré – on croirait presqu’une forêt! Il y a bien un petit côté surréaliste à cette vision, mais le spectacle et le contraste sont efficaces. J’ai beau ne pas être fan de l’aspect quelque peu futuriste des lieux, la magie opère. C’est bien l’endroit idéal pour se ‘’rafraîchir’’ quelques temps et je suis plus légère lorsque je rejoins une nouvelle fois le métro. J’ai pu constater à l’aller qu’en certains endroits, le MRT* est aérien et j’ai donc l’idée d’en profiter pour continuer ma visite sans me fatiguer!
Certaines figures sont patibulaires, d’autres respirent la bonhommie et j’observe ces visages durant de nombreux kilomètres.
Je choisis bientôt une place face à la fenêtre et me voilà partie au travers de la ville. Je rejoins rapidement la banlieue où j’observe des lotissements monotones, sans âme, sécurisés et surveillés par de nombreuses caméras de sécurité. L’atmosphère est très « 1984 » en réalité… Peu impressionnée par la vue, je me rends alors compte que le spectacle est plutôt à l’intérieur du wagon. Je me plais à observer les singapouriens vaquer à leurs occupations, même si beaucoup semblent tout simplement profiter du voyage pour dormir! Certaines figures sont patibulaires, d’autres respirent la bonhommie et j’observe ces visages durant de nombreux kilomètres. Fascinée, je ne peux m’empêcher de leur dédier de nombreux clichés. Le sourire discret aux lèvres, j’apprécie réellement ce trajet… Le soir je rejoins d’autres roof-tops, populaires à Singapour, pour admirer les grattes-ciel et les lumières nocturnes. La fraîcheur est revenue et au hasard d’une rencontre, me voici bientôt à l’Ambassade des Etats-Unis où l’on donne une soirée. Une manière de bien terminer cette journée! Lorsque je repars, tard, vers mon auberge de jeunesse, les rues sont désertes… La ville silencieuse. Pourtant, ici je ne me sens jamais en danger lorsque je décide de rentrer à pied.
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* Durian= surnommé le « roi des fruits », le durian a la réputation d’être extrêmement puant. Très nauséabonde, l’odeur est tenace mais si vous êtes assez téméraire pour quand même vous laissez tenter, mieux vaut le goûter à l’extérieur dans un endroit découvert!
* MRT= Mass Rapid Transit, chinois simplifié : 大众快速交通, nom donné au métro de Singapour.
INFOS PRATIQUES
Une fois n’est pas coutume, voici une liste non-exhaustive mais à prendre au sérieux au demeurant, des comportements à risque sur place. Dans « the fine city », il est donc interdit: (source: blog la vie en asie)
- D’avoir des gestes déplacés à l’égard d’une femme (atteinte a la pudeur).
- De taguer les murs, sous peine de coups de bâtons.
- De consommer, posséder ou vendre de la drogue – punition pouvant aller jusqu’à la peine de mort.
- De fumer dans tous les lieus publics (500 euros d’amende).
- De souffler sa fumée de cigarette directement en direction du voisin.
- De jeter son mégot autre part que dans les cendriers (250 euros).
- D’avoir une relation sexuelle dans un lieu public.
- De jeter tout détritus par terre (à partir de 500 euros + travaux d’intérêts généraux).
- De traverser à plus de 50m des passages piétons.
- De cracher par terre (une tradition purificatrice chez les chinois).
- De quitter des toilettes publiques sans avoir tiré la chasse d’eau.
- De mâcher et porter sur soi du chewing-gum, depuis que l’un d’entre est resté coincé dans une porte de métro, empêchant – selon la légende – l’ouverture du système complet.
- De porter sur soi des documents pornographiques.
- De manger, boire et transporter du durian (500 euros quand même!).
- D’avoir des briquets ayant une forme de revolver ou de pistolet, des pièces de monnaie et billets pour jeux de société, des bombes lacrymogènes (même si la mienne est passée).
- D’allaiter votre bébé sans avoir contacté au préalable le personnel du métro.
- D’amener des animaux domestiques ou d’autres animaux dans le métro.
OU DORMIR
Singapour, c’est cher, très cher. J’avais donc opté pour des nuits en Couch Surfing et une seule auberge de jeunesse dans le quartier indien: http://www.the-inncrowd.com
L’endroit est propre, sympathique et bien situé. Les dortoirs sont assez énormes mais ils possèdent également des chambres privées. Comptez 20 dollars de Singapour minimum la nuit, soit environ 13 euro – petit-déjeuner basique inclus.