Le Jour où j’étais au royaume des chats.
C’est l’histoire d’un coup de foudre. D’une belle relation de fidélité. Le Maroc, je l’ai découvert pour la première fois en 2005 et je ne l’ai jamais vraiment quitté depuis. J’y pense toujours avec affection et c’est une destination qui, à chaque visite, me ravit. Selon moi, c’est un des plus beaux pays du monde, sans exagération. Alors à seulement 4h de Paris, pourquoi se priver d’y retourner si souvent ? Un pays aux décors variés que je me plais chaque fois à explorer, du Sahara à la Méditerranée… Un endroit à la gastronomie élaborée que je prends invariablement plaisir à déguster. Là-bas, il règne toujours une atmosphère si apaisante, comme si le contact délicat du soleil sur la peau rendait le peuple nonchalant. Ou serait-il simplement absorbé par la contemplation de ce ciel bleu quasi-permanent? Cet azur réputé et incomparable, ce bleu Majorelle inégalé et si singulier. Cette couleur qui n’existe nulle part ailleurs mais que pourtant, l’on retrouve ici partout, sorte d’hommage à cette voûte céleste providentielle. Ici, le ciel semble faire écho à la mer, et leurs couleurs sont célébrées jusqu’aux murs des logis, aux décorations des poteries ou aux pierres d’orfèvrerie.
Ce sont eux les vrais rois de l’endroit, de ce chaos si bruyant.
Au cours de mes nombreux voyages sur place, j’ai appris le ravissement des promenades dans les anciennes médinas. Ces dédales de ruelles fortifiées, d’impasses et de petites places où votre sens de l’orientation est mis à si rude épreuve. J’y retrouve volontiers les odeurs des piles d’épices, devenues si familières, et leur présentation pittoresque en cônes, dressés vers le firmament. Je m’émerveille devant l’esthétique des lampes marocaines et devant les tapis traditionnels que je rêve de fouler. Je prends le temps de me perdre et surtout de me faire dorloter dans leurs hammams bon marchés. Enfin, je tente d’amadouer tous les petits félins qu’il m’est donné la chance de croiser ! Ce sont eux les vrais rois de l’endroit, de ce chaos si bruyant. Et il semble si facile de les apprivoiser en leur offrant quelques mets du bout des doigts. On les compte par centaines dans ces fourmilières; parfois maltraités, souvent désœuvrés mais toujours intéressés. J’aimerais tous les adopter… Je suis épatée par leur quantité et j’essaie souvent de les caresser, même s’ils ne sont pas vraiment du genre à se laisser cajoler !
Ici perchée, je me sens en sécurité. Comme protégée par les montagnes environnantes qui m’enveloppent.
Malgré plusieurs séjours dans le royaume chérifien, je n’ai encore jamais fréquenté les contrées du nord. Alors après un rapide passage à Tanger puis Tétouan, où j’ai adoré découvrir le détroit de Gibraltar, je suis ravie de rejoindre enfin les hauteurs pour visiter une cité très réputée : Chefchaouen. Imaginez donc mon enchantement lorsque je réalise que la petite ville du Rif s’avère être le vrai paradis des chats (bleu de surcroît) ! La quintessence du Maroc en somme ! Ici perchée, je me sens en sécurité. Comme protégée par les montagnes environnantes qui m’enveloppent. J’ai longtemps rêvé de l’endroit devenu à la mode très récemment… Le centre de Chefchouen n’est pas très grand et l’on y croise de nombreux artisans. Mais de par sa proximité avec la péninsule ibérique, il y a surtout de nombreux espagnols venus passer le weekend. Beaucoup recherchent l’ivresse du kif, la défonce facile et pas chère de l’autre côté de la mer. Alors que je déguste mon petit-déjeuner royal sur la terrasse de mon hôtel, ils sont déjà là attablés, à recracher leurs bouffées au soleil. L’odeur est grisante dans les rues et gâche un peu l’aspect idyllique de l’endroit. Il me faut alors faire abstraction des champs de chanvre environnants. Ici, rien d’autre ne pousserait selon certains intéressés…
Sur les marches se languissent bien sûr des centaines de chats…
Qu’à cela ne tienne, la ville est ses tons délicats restent très inspirants. Pendant des jours je me délecte donc de mes promenades dans la médina où je me perds plus d’une fois. Les escaliers sont omniprésents et m’emmènent même jusqu’aux fortifications construites à flanc de montagne. Sur les marches se languissent bien sûr des centaines de chats, mais je croise aussi des troupeaux de chèvres rentrant à la bergerie… J’arpente chaque jour les ruelles pentues et finis par suivre le son bucolique d’un petit cours d’eau qui m’emmène à la source du Ras el Ma, le ruisseau majeur de Chefchaouen. L’endroit est très fréquenté, et je décide de laisser derrière moi les lavoirs de la ville pour emprunter un sentier un peu plus isolé. Je croise maints cultivateurs perchés dans les arbres, en train de récolter patiemment quelques olives parfumées. Quel dur labeur. Je réalise combien ils peuvent être inconfortablement installés, coincés au milieu de tous ces branchages… Au bout de vingt minutes, j’atteins enfin la « mosquée espagnole », vestige de l’époque coloniale et érigée sur une des collines protégeant la cité. De là, la vue est imprenable. Les locaux s’y retrouvent pour admirer le coucher du soleil, bientôt rejoints par les visiteurs les plus curieux. Ici, le temps semble s’arrêter.
Parfois, les jours se succèdent et se ressemblent, et l’on voudrait ne rien y changer!
Il n’y a plus qu’à apprécier. Méditer sur tant de beauté. Profiter des dernières minutes ensoleillées qui s’écoulent vers une nouvelle fin de journée. Autour de moi, les rayons du soleil disparaissent peu à peu derrière les montagnes. Les façades bleues des maisons profitent de leurs derniers reflets orangés. Puis je redescends doucement avant la nuit, empli d’un sentiment de légèreté. Je salue une dernière fois tous les chats de la localité. Leur présence semble tellement contribuer à l’harmonie de la communauté, symbole du coexister. Je rejoins bientôt mon hôtel douillet où je passerai la soirée à converser avec mes hôtes bien-aimés. Demain matin, je serai à nouveau réveillée par les chants enjoués des jeunes enfants de l’école d’à côté. Je profiterai encore du soleil, posée sur la terrasse, et je contemplerai longuement ce paysage enivrant. Je partirai me promener des heures durant dans la ville bleue et je déciderai encore de repousser mon départ de quelques temps. Parfois, les jours se succèdent et se ressemblent, et l’on voudrait ne rien y changer! Alors je choisirai de rester. Pour encore quelques clichés, hommage aux félidés…
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INFOS PRATIQUES
Tetouan ne possède pas d’aéroport ni de gare. Le meilleur moyen de s’y rendre est donc en taxi collectif, typique, ou bien en bus depuis Tetouan, Tanger ou Fes. La compagnie la plus recommandable est la CTM. Un trajet coûte entre 25 et 75 dirhams en fonction du confort et de la destination. Le taxi collectif coûte légèrement moins cher mais n’est pas beaucoup plus rassurant! 🙂 Pour info 1 euro équivaut à 11 dirhams environ.
Pour le « shit », renseignez-vous sur place mais Chefchaouen semble souffrir de son afflux de touristes au niveau de la qualité: vous ne saurez jamais sur quoi vous allez tomber.
Chefchaouen n’est pas une ville à recommander aux plus âgés, il y a vraiment beaucoup d’escaliers et de ruelles en pente qui pourraient les décourager.
OU DORMIR
Sans aucune hésitation, choisissez Dar El Rio! Que vous choisissiez leurs chambres nuptiales ou bien leur dortoir, le rapport qualité-prix est imbattable. Leur petit-déjeuner est divin et servi jusque midi sur la terrasse ensoleillée. Le personnel est polyglotte, intéressé et intéressant et saura répondre à tous vos désirs! Par ailleurs, les petits gateaux, concoctés avec amour par la voisine, et servis avec leur thé à la menthe sont une pure merveille. Allez-y les yeux fermés!